Industrie horlogère (1820 - 1914)
Le début du XIXe siècle voit un important changement d'échelle dans la production horlogère. De l'artisanat dispersé, on va passer à une organisation du travail plus rationnelle, plus mécanisée, centrée sur le bourg de Morez.
Dans le premier quart du siècle, la production est multipliée par 25. Ainsi dans les années 1850 on fabrique plus de 150.000 pièces par an. Les méthodes de travail sont réorganisées, sans pour autant déboucher sur un véritable système usinier.
L' établissage horloger
L'établissage, fréquent dans les montagnes du Jura, est un mode de production dispersé et organisé autour d'un centre urbain. Toutes les passes, opérations non mécanisables, sont effectuées par des paysans pluri-actifs, demandeurs de travail, qui vendent leurs pièces sur le marché de Morez, où se développe une nouvelle catégorie professionnelle : les marchands-fabricants.
Morez est choisi comme pôle central, car ce bourg, qui ne compte que 1000 habitants pendant la Révolution, se trouve à la croisée de plusieurs routes commerciales menant à Lyon, Besançon et Genève.
Morez : centre de l'établissage
De petites usines horlogères voient donc le jour dans les années 1820 au bord de la Bienne. Les frontons, balanciers et aiguilles autrefois ciselés à la main sont désormais estampés mécaniquement grâce à l'énergie hydraulique. Le travail est divisé, spécialisé, rationnalisé ce qui va permettre de baisser le coût de revient des comtoises, qui vont partir à la conquête du marché français mais aussi mondial.
Autres productions
Les crises économiques qui secouent la France en 1830 ou encore à la fin des années 1840 poussent les horlogers à diversifier leur production. A côté des célèbres comtoises, on fabrique des tournebroches, des pendules, des miroirs aux alouettes, etc.
La seconde moitié du siècle voit ainsi le retour de l'horlogerie d'édifice, domaine réservé des ouvriers très qualifiés. On dénombre environ trente fabricants à Morez, Morbier et Foncine.
Six se détachent du lot : Emile Bailly-Comte (Morez), Louis-Delphin Odobey Cadet (Morez), Prost Frères (Morez), Paul Odobey Fils (Morez), Cretin l'Ange (Morbier), Fumez-Badoz (Foncine le Haut).
Mais à la fin du XIXe siècle, le marché est saturé... L'horlogerie passe désormais dans l'ombre de la lunetterie.
Source :
Jean-Marc Olivier, Des clous, des horloges et des lunettes. Les campagnards moréziens en industrie (1780 - 1914), 2004.
Siegfried Bergmann, Comtoise-Uhren.